Vingt mois après la fin de la guerre, le Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, est toujours face à d’immenses défis. Le conflit avait opposé les Tigréens au pouvoir central éthiopien, allié de l’Érythrée voisine et d’autres régions comme les Amharas. La guerre de 2020 à 2022 pourrait avoir fait jusqu'à 600 000 morts, selon l’Union africaine, certains experts soupçonnant un génocide. Vingt mois après l’accord de paix de Pretoria, la région est toujours exsangue.
En Éthiopie , dans le Tigré, ces temps-ci, les agriculteurs sont dans les champs pour semer, alors que la saison des pluies va commencer.
Les cultivateurs crient, poussent, encouragent leurs bêtes pour qu’elles tirent leurs charrues et creusent le sillon destiné aux graines. Teklay plante du Dagusha en langue locale, un millet perlé qui servira à faire de l’injera - une crêpe à la base de la cuisine éthiopienne -, ou bien de l’alcool. Cependant, le cœur n’y est pas.
« Pendant la guerre, notre bétail a été tué et mangé par les soldats. On ne cultivait pas. Aujourd’hui, les combats ont cessé, mais on a peu d’espoir. L’an dernier, les criquets ont tout dévasté. Cette année, on continue, mais c’est surtout parce que l’on a hérité cela de nos ancêtres. On n’attend pas plus de 50 kilos de récolte. Un seul sac », avant d'ajouter : « Ce n’est même pas notre terre. On la loue et on verse la moitié de la production. Même les bœufs ne sont pas à nous. Ceux que j’avais, j’ai dû les vendre pendant le conflit pour survivre », détaille Teklay.
Son voisin se plaint des mêmes difficultés : manque de matériel, d’animaux, de moyens... Les agriculteurs tigréens souffrent. Certains n’ont d’ailleurs même pas assez de bœufs et doivent utiliser des ânes pour tirer leurs charrues. La paix n’a pas permis de relancer le secteur.
« Un peu d’aide humanitaire a pu atteindre le village, mais pas assez. J’ai quelques animaux, mais je vais devoir les vendre pour acheter de la nourriture. Aujourd’hui, on a vraiment besoin de fertilisant et de bétail », ajoute-t-il.
Les cultivateurs tigréens en sont donc réduits aujourd’hui à espérer davantage d’aide de la communauté internationale pour éviter la famine.
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