L'Union européenne a encore accentué la pression internationale sur le président vénézuélien Nicolas Maduro, estimant que « faute de preuve » sa victoire à la présidentielle du 28 juillet ne peut être « reconnue », le pape François appelant de son côté à « chercher la vérité ».
« Bien qu'il s'y soit engagé, le Conseil national électoral du Venezuela (CNE) n'a toujours pas publié les procès-verbaux officiels des bureaux de vote. Faute de preuve pour les soutenir, les résultats publiés le 2 août par le Conseil national électoral ne peuvent être reconnus », a estimé le Conseil de l'UE dans un communiqué, en appelant à une « vérification indépendante ».
Le CNE a ratifié vendredi la victoire de M.
Maduro avec 52% des voix contre 43% à Edmundo Gonzalez Urrutia, qui a remplacé au pied levé la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible pour le scrutin du 28 juillet. Un résultat largement contesté.
Les troubles qui ont suivi cette proclamation ont fait 13 morts et plus de 2 000 personnes ont été arrêtées, a affirmé M. Maduro, selon qui deux membres de la garde nationale ont été tués. Des ONG ont fait état de 11 civils tués.
Contrairement aux États-Unis et à plusieurs autres pays, l'UE s'est toutefois gardée de reconnaître formellement la victoire de Edmundo Gonzalez Urrutia. « Des copies des procès-verbaux électoraux publiés par l'opposition et revus par plusieurs organisations indépendantes indiquent qu'Edmundo Gonzalez Urrutia apparaît être le vainqueur de l'élection présidentielle avec une majorité conséquente », a-t-elle néanmoins rappelé.
Se disant victime d'un piratage informatique, le CNE n'a toujours pas donné le détail du vote bureau par bureau. L'opposition estime qu'il s'agit d'une manœuvre pour ne pas révéler les vrais résultats, et a publié sur un site internet les procès-verbaux de chaque bureau. Selon ces documents, dont la validité est rejetée par Nicolas Maduro , Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec 67% des voix.
« Chercher la vérité et éviter tout type de violence »
Le pape François a lancé dimanche « un appel sincère à toutes les parties à chercher la vérité et à éviter tout type de violence ». S'adressant à la foule sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le pontife argentin a également appelé le pays à « régler les différends par le dialogue et à prendre en compte les véritables intérêts de la population ».
Maria Corina Machado a remercié dimanche sept pays européens, dont la France, qui ont demandé dans une déclaration commune au Venezuela de « publier rapidement tous les procès-verbaux » des bureaux de vote, se félicitant de leur « engagement en faveur de la démocratie ». « Nous apprécions également l'appel à la fin de la persécution et de la répression qui, ces dernières heures, a été cruellement déployée contre des personnes innocentes », a-t-elle ajouté.
Nicolas Maduro a lui félicité dimanche la Garde nationale Bolivarienne (GNB) – un corps militaire chargé de l'ordre public – pour sa « conduite exemplaire » lors des manifestations, qui participent selon lui d'un « coup d'État impérialiste ». Samedi soir, devant des milliers de partisans, il avait prévenu qu'il ne permettrait pas à l'opposition « d'usurper une nouvelle fois la présidence ».
En 2019, à la suite d'une réélection déjà controversée de Nicolas Maduro, une partie de la communauté internationale avait reconnu l'opposant Juan Guaido comme « président » intérimaire. Une initiative qui s'était soldée par un échec.
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