Le village druze de Majdel Shams regrette lors de funérailles dimanche 28 juillet les 12 victimes, pour la plupart des enfants, d'un raid sur son stade de football sur le plateau du Golan annexé par Israël. Après une série de frappes sur le territoire libanais la nuit précédente en réponse à cette frappe imputée au Hezbollah liabanais, Israël a promis dimanche de « frapper l'ennemi avec force ». Cela fait craindre une nouvelle hausse de tensions.
Des milliers d'hommes et de femmes vêtus de noir se sont rassemblés ce dimanche pour les funérailles à Majdal Shams des 12 jeunes tués la veille par un tir de roquette sur cette ville du plateau du Golan. Ce dernier est annexé en grande partie par Israël. Plusieurs femmes ont pleuré en déposant des fleurs sur les cercueils de ces jeunes qui jouaient sur un terrain de football au moment du drame, à Majdal Shams, une petite ville druze d'environ 11 000 habitants.
Dimanche 28 juillet, ce drame a forcé le Premier ministre Benyamin Netanyahu à rentrer plus tôt que prévu des États-Unis pour présider un cabinet de sécurité à Tel-Aviv, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Le Premier ministre a promis qu'« Israël ne laisserait pas cette attaque meurtrière sans réponse ».
Dans la nuit de samedi à dimanche, l’Armée israélienne affirme avoir visé des cibles du Hezbollah en profondeur dans le territoire libanais et également le long de la frontière avec Israël. Spécifiquement des frappes sur des dépôts d'armes et d’autres infrastructures de l’organisation islamiste libanaise. Des tirs qui sont monnaie courante ces derniers mois sur ce front.
Les dirigeants israéliens font planer la menace d'une « guerre totale »
À ce stade, l’escalade se fait surtout sentir dans les déclarations à l’emporte-pièce des dirigeants israéliens. Benyamin Netanyahu affirme que l'attaque ne sera pas impunie. Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, parle sur X de « guerre totale ». Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a également déclaré que « le massacre de samedi constitue le franchissement de toutes les lignes rouges par le Hezbollah. Il ne s'agit pas d'une armée qui combat une autre armée, mais d'une organisation terroriste qui tire délibérément sur des civils ».
« La roquette qui a tué nos garçons et nos filles était une roquette iranienne, et le Hezbollah est la seule organisation terroriste qui en possède dans son arsenal », a ajouté le ministère. « Israël exercera son droit et son devoir d'autodéfense et répondra à ce massacre », souligne également le ministère des Affaires étrangères alors que plusieurs dizaines de blessés sont encore hospitalisés en Israël ce dimanche.
D’autres responsables exigent également une réponse très forte après cette attaque qui est la plus meurtrière depuis le 7 octobre dernier. Un responsable militaire sous couvert d’anonymat tente de calmer le jeu en affirmant que la riposte sera très importante, mais mesurée, de manière à ne pas faire déraper la région dans un conflit généralisé.
Le Hezbollah continue à nier sa responsabilité, Téhéran met en garde contre une escalade
Le mouvement chiite libanais Hezbollah continue à nier d’être l’auteur de cette attaque, qu'elle serait le fait de l’explosion d’un missile intercepteur israélien. Israël affirme toutefois que l'attaque a été perpétrée par une roquette iranienne Falaq-1 porteuse d’une ogive de 50 kg : selon l'État-hébreu, seul le Hezbollah en dispose dans la région. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a également indiqué dimanche que « toutes les indications » montreraient que la roquette tombée sur le plateau du Golan « provenait du Hezbollah », lors d'une conférence de presse à Tokyo.
Le Hezbollah prend très au sérieux les menaces israéliennes de représailles, précise notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. Des sources informées indiquent que pour la première depuis le 8 octobre, le parti de Hassan Nasrallah a ordonné l’évacuation urgente de bâtiments occupés par ses institutions sociales, administratives et financières dans ses fiefs de la plaine orientale de la Bekaa et de la banlieue sud de Beyrouth. Des médias libanais ont rapporté que le Hezbollah a prévenu la force des Nations unies déployée au sud du Liban que toute attaque israélienne entraînerait une « riposte explosive », même au risque de provoquer une guerre.
Le parti chiite n’a revendiqué aucune attaque contre des positions israéliennes depuis dimanche matin. En revanche, l’armée israélienne était active. L’aviation a bombardé des régions jusque-là épargnées au nord de la ville côtière de Tyr, à 20 kilomètres du front, et à l’ouest de Baalbek, à 100 kilomètres de la frontière. Des drones ont également attaqué Kfar Kila, dans le secteur central de la zone frontalière.
L'Iran, de son côté, a mis en garde Israël dimanche contre les « conséquences imprévisibles » de nouvelles « aventures » militaires au Liban. « Toute action (...) du régime sioniste peut conduire à l'aggravation de l'instabilité, de l'insécurité et de la guerre dans la région », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, ajoutant qu'Israël serait responsable des « conséquences et des réactions imprévisibles à un tel comportement stupide ».
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