Begoña Gómez, l'épouse du Premier ministre espagnol, a porté plainte vendredi 2 août contre le juge qui enquête sur elle pour corruption présumée et trafic d'influence. Elle emboîte ainsi le pas de son mari, le socialiste Pedro Sánchez.
La défense de Begoña Gómez a déposé plainte à Madrid contre le juge Juan Carlos Peinado estimant qu'il avait « adopté des décisions judiciaires arbitraires et manifestement injustes » à son encontre dans le cadre d'une enquête « inhabituelle, erratique », selon le document auquel l'AFP a eu accès.
L'épouse du Premier ministre l'accuse également d'avoir brisé le secret de l'instruction puisque, alors qu'elle n'était pas encore connue du grand public, la justice madrilène a envoyé des communiqués de presse sur l'affaire et que certains médias ont publié des éléments issus du dossier.
Plainte de Pedro Sánchez
Mardi, Pedro Sánchez avait porté plainte contre ce même juge qui l'avait convoqué comme témoin contre sa femme lors d'une audition organisée au palais de la Moncloa, résidence officielle du chef du gouvernement.
Il reprochait au juge de n'avoir pas respecté son statut de chef du gouvernement en l'auditionnant en face à face, au lieu de le laisser témoigner par écrit, comme il l'avait demandé. Une décision qui relève selon lui de faits de « prévarication », c'est-à-dire des manquements aux obligations d'une charge.
Begoña Gómez, qui dirige un master de management à l'université Complutense de Madrid, est soupçonnée d'avoir utilisé les fonctions de son mari dans le cadre de ses relations professionnelles - notamment avec Juan Carlos Barrabés, un homme d'affaires espagnol.
Campagne de la droite et de l'extrême droite ?
Âgé de 69 ans, Juan Carlos Peinado, juge connu pour avoir mené des instructions polémiques par le passé, a ouvert cette enquête en avril après une plainte de Manos limpias (« Mains propres »), un collectif proche de l'extrême droite qui a dit se fonder sur des articles de presse.
Le magistrat a décidé de poursuivre son instruction malgré deux rapports de la Garde civile ayant conclu à l'absence d'infractions et la demande de classement émanant du parquet fin avril. Lors de leurs auditions, aussi bien Pedro Sánchez que Begoña Gómez avaient fait valoir leur droit au silence.
Le Premier ministre, qui n'a eu de cesse de défendre l'innocence de sa femme et estime que cette affaire relève d'une campagne de la droite et de l'extrême droite visant à nuire à son gouvernement de gauche, a affirmé mercredi qu'il s'agissait d'une « non-affaire, prenant racine dans la frustration et l'impuissance de l'opposition qui a renoncé à la bataille légitime des idées ». L'opposition réclame la démission du Premier ministre et la convocation de nouvelles élections.
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